Notre-Dame des Sommets La statue de Notre-Dame des Sommets domine le village. Accessible par un petit sentier depuis la place, elle est fêtée tous les ans en juillet, le jour de Sainte Madeleine. Le jour du 15 aout, une procession monte le sentier pour la bénir. | ||
C’est au père Emile Néraud, ancien missionnaire en Ethiopie nommé curé de Montaud entre 1950 et 1953, que les habitants de Montaud doivent la statue de Notre-Dame des Sommets, laquelle domine du haut de sa colline la place du village et l’église situées une trentaine de mètres en contrebas. Comment lui est venue l’idée d’ériger une statue de la vierge en cet endroit ? Sans nul doute du fait qu’il existait déjà en ce lieu, sur une parcelle déjà propriété de la commune, une croix de Mission en bois en très mauvais état à l’époque, croix qui avait été placée là en 1833 suite à une mission paroissiale. La réalisation du monument, composé d’une statue et d’un important soubassement, a été confiée aux bons soins de M. Henri Vighetto, entrepreneur en maçonnerie à Fures, sans doute fin 1950-début 1951. La confection de la sculpture de la statue elle-même, une vierge à l’enfant de plus de 2,50 m de hauteur, a été attribuée à un sculpteur lyonnais, M. Fachini, et réalisée dans un bloc de calcaire blanc qui proviendrait des carrières de Comblanchien. Quant au soubassement, servant de piédestal à la statue, il a été réalisé par l’entreprise Vighetto elle-même avec des pierres du cru, en calcaire blanc, matériaux cédés gracieusement et récupérés des ruines de la grange du père Menuisier au hameau des Maîtres à Montaud, puis taillés, assemblés et jointoyés avec du béton. Constitué d’un socle d’environ 2,5 mètres de hauteur avec, sur le devant et en saillie, une petite table d’autel reposant sur une croix en pierres de taille à laquelle on accède par deux petites marches, flanqué de deux murs latéraux en pente douce se terminant à leurs extrémités par des piliers ornés d’une croix externe, le tout forme un imposant et bel ensemble, très bien proportionné puisque de cinq mètres de hauteur, avec la statue, sur quelque huit mètres de longueur. Le coût du monument a été financé par l’ensemble de la communauté des habitants de Montaud (fruits des kermesses organisées par la paroisse, dons en argent) et par la vente de quelques biens « désaffectés » appartenant à l’église, en particulier d’anciens bougeoirs et lustres. La bénédiction de Notre-Dame des Sommets a eu lieu le dimanche 15 juillet 1951* par le père Néraud, qui « avait bien fait les choses et mit tout en œuvre pour la complète réussite de cette manifestation ». Le samedi soir déjà un feu d’artifice avait été tiré, suivi d’un « lancer de ballons » et d’illuminations ; le dimanche, la cérémonie a débuté par la grand’messe de 10h dans une église pleine à craquer et qui ne put accueillir tout le monde en son sein, messe au cours de laquelle la chorale paroissiale, sans doute renforcée par quelques voix de celle de Saint Quentin comme dans les grandes occasions, a entonné en particulier et pour la première fois en public le chant religieux « Notre-Dame des Sommets », comprenant un refrain et quatre couplets composés, tant les paroles que la musique, par le frère de l’abbé Néraud pour la circonstance. Après l’office, tous les fidèles montèrent, à la suite du curé de Montaud encadré du chanoine Ribot, supérieur du petit séminaire de Voreppe, et de l’abbé Georges de Noyarey, en une grande procession de l’église jusqu’à la vierge pour procéder à sa bénédiction, « sous la présidence de Monseigneur Caillot, évêque de Grenoble », honneur qui revînt au père Néraud, pour l’occasion glabre et la barrette noire sur la tête. Outre cette bénédiction, la Vierge de Montaud eût aussi l’heur ce jour-là de recevoir son premier baptême divin puisque les cieux, juste après cette cérémonie, s’ouvrirent pour laisser place à « une pluie diluvienne (qui) s’abattit sur le petit village » ! Cette dernière ne dura cependant pas très longtemps, puisque les « réjouissances, qui poursuivirent la cérémonie, … trop tôt écourtées, reprirent bien vite ensuite dans l’après-midi » sur et autour de la place du village, où divers stands avaient été montés, accueillant des attractions et jeux de toutes sortes, une buvette et un buffet, voire une piste de danse « pour faire valser les jeunes », ainsi que d’autres agapes dans l’« Hôtel restaurant des touristes » tout proche tenu par la famille Boulloud. Le soir enfin, une « soirée de gala » avait été organisée dans un « théâtre de verdure » en plein champ au-dessous du village, sur une scène faite de deux chars accolés, sur laquelle se produisirent deux danseurs très connus de l’époque, Abel Bordieux et Marie-Louise Beffy, respectivement étoile de l’Opéra de Paris et du Châtelet; pour l’occasion, la société de transports Traffort assura un service de cars de nuit entre Grenoble et Montaud et « la maison (de musique) Michel » de Grenoble prêta gracieusement un piano à queue, tenu par « un 1er prix du Conservatoire de Paris » ! Le 15 août suivant, comme semble-t-il encore au moins les deux années d’après, lors de la fête de l’assomption, le curé Néraud organisa des processions de l’église à la statue, au pied de laquelle était célébré l’office. Ces manifestations rassemblèrent autour de Notre Dame des Sommets de nombreux fidèles et, en particulier, nombre d’enfants et d’adolescents tous de blanc vêtus -près d’une soixantaine la première année, dont de jeunes tullinois qui étaient en vacances à la colonie des Coings !- les plus petits une paire d’ailes sur les omoplates, ainsi qu’en témoignent les photographies de l’époque. C’est ainsi que Notre-Dame des Sommets devint « la protectrice des âmes de Montaud », en même temps qu’un point de repère -direction à suivre et lumière dans la nuit !-et un lieu de curiosité touristique, sinon de pèlerinage. Sur une carte postale des années 1960 représentant l’église en effet, on peut voir un petit panneau sur lequel il est écrit, à l’adresse des touristes : « Visitez Notre- Dame des Sommets » avec une flèche indiquant la direction à prendre. « La Vierge » a, un temps également -une vingtaine d’années !-, été illuminée la nuit aux frais de la commune qui avait amené l’électricité depuis le bâtiment de l’école afin d’alimenter un projecteur « Mazda », dont une plaque en fer subsiste encore sur un plot de béton face à la statue. Au bas et à l’arrière gauche du monument avait aussi été aménagé dans la pierre un petit emplacement qui, fermé à clé par une porte de fer, servait de tronc et permettait de faire quelques offrandes à Notre Dame des Sommets ; ladite porte ayant été arrachée depuis longtemps maintenant, vous pouvez toujours, à l’heure actuelle, offrir à notre sainte protectrice, en remplacement, un petit bouquet de fleurs, des villes ou des champs, car elle nous a soufflé à l'oreille - buff ! - un jour où une fine brise caressait la colline, que cela lui faisait toujours un immense plaisir, de même nature que celui que l'on offre à une mère chérie de ses enfants ! | ||