Hannibal y serait passé en 218 avant Jésus-Christ.
Mais l'histoire de Montaud est mieux connue depuis le XVII siècle.
La revue Regards en parle bien, ainsi que des habitants férus d'histoire dans notre commune.
Montaud est une commune de montagne constituée de huit hameaux, pour l’essentiel (dans un ordre décroissant d’altitude : les coings, les muets, le vif de la clé, le village, les ramées, les étroits, les maîtres, le villard), dont le village est située à 730 mètres d’altitude, au nord-ouest du Massif du Vercors, sur un plateau intermédiaire entre la plaine de l’Isère (Saint-Quentin sur Isère est à 7 kms par la route départementale et à 1 heure à pied environ par « le grand chemin de Saint Quentin à Autrans ») et les plateaux supérieurs des quatre-montagnes (Autrans -à environ 4 heures à pied par le même chemin !-, Lans-en-Vercors, Villars-de-Lans, Corrençon ...).
Jusqu’en 1655, Montaud n’était qu’un « quartier » ou une « section » de la communauté de Saint-Quentin sur Isère, un gros hameau situé sur « la Montagne »; cependant, afin d’administrer cette communauté, deux consuls étaient périodiquement élus, chaque année, par l’assemblée générale des habitants : le consul du Plan (de la plaine) et le consul de la Montagne, pour Monthault, comme il était souvent écrit à l’époque.
Le 11 mai 1655, Montaud se trouvait suffisamment forte comme communauté civile pour pouvoir s’ériger en communauté distincte et ses habitants obtenaient la scission d’avec celle de Saint-Quentin.
Moins d’un siècle et demi plus tard, le 30 janvier 1790, ses habitants demandaient à nouveau la réunion de leur communauté civile avec celle de Saint-Quentin, ce qui devenait effectif le lendemain, pour diverses raisons administratives :
- d’une part, ils se conformaient ainsi au décret de l’Assemblée Nationale du 14 décembre 1789 sur la constitution des municipalités et,
- d’autre part, surmontaient ainsi la difficulté d’interpréter et de comprendre l’afflux de la nouvelle législation révolutionnaire.
Dès 1793 cependant, des désaccords survenaient entre les deux communautés, notamment relativement aux forêts de Boisvert, et Montaud reprenait ses registres d’état-civil, faisant remarquer à Saint-Quentin que ces derniers « étaient mal tenus et mal rangés ».
En 1801, la communauté de Montaud redevenait officiellement une commune distincte par le fait d’un arrêté du 9 Brumaire an X et alors qu’elle comptait près de 500 habitants. En 1859, la commune de Montaud demande à être rattachée au nouveau canton dont la commune de Voreppe (qui en serait le chef lieu !) a sollicité la création, canton auquel l’administration veut rattacher également Saint-Quentin aux dépens du canton de Tullins, ce que refuse l’assemblée municipale saint-quentinoise par délibération du 24 juillet 1859, projet de canton qui sera ensuite abandonné.
Enfin, la commune de Montaud, de façon plus récente, est à nouveau liée avec celle de Saint-Quentin sur Isère puisque, depuis le 29 décembre 1993, elles ont ensemble constitué l’une des plus petites communautés de communes de France, la Communauté de Communes Vercors-Isère (CCVI)* et elles font partie, l’une comme l’autre, du territoire du Parc naturel régional du Vercors**.
En 2013, cette communauté de communes fusionne avec celle de Vinay pour former la 3C2V, Communauté de Communes Chambaran Vinay Vercors.
Le Cartulaire de Saint Hugues nous apprend qu’au XIIème siècle, il existait déjà « sur la montagne du lieu de Saint Quentin … (la ) chapelle (capella Beate Marie Magdalenes), qui est unie à ladite cure (de Saint Quentin) et (qui) se trouve dans le col tendant à aller à Veurey » (donc à Montaud); en revanche, « au plan » de Saint Quentin (dans la plaine) existaient l’église (ecclesia) Saint Nazaire et Celse et les deux chapelles Sainte Catherine et Saint Jean Baptiste, voire une troisième sous le vocable de Saint Quentin.
Cette chapelle de Montaud existait donc depuis longtemps et appartenait donc à la paroisse (la cure !) de Saint Quentin ; elle devait être désservie, à périodes plus ou moins régulières mais non continues et dans les grandes occasions, par le curé de l’église du « Plan », comme nous l’apprend un document de 1631.
Avant ce mardi de Pâques 22 avril de cette année-là, Georges Biguet avait été curé de Saint Quentin de 1617 à 1630 et son successeur, Jean Royer, qui sera curé de la même paroisse de 1631 à 1658, n’était pas encore installé définitivement à ce moment des Pâques ; le curé intérimaire Bouvier, « prestre passagier » qui ne connaissait sans doute pas les chemins, dut se faire accompagner par Etienne Charrel, le consul de la Montagne descendu de bon matin au Plan, jusqu’à la « croix du Joyou » afin qu’il put dire « la messe à la Montagne comme à l’accoutumée » en ce mardi de Pâques 1631.
En 1659, à l’occasion d’un différend entre les deux communautés à propos de la somme à verser pour l’entretien de Jean Phélix, prêtre et vicaire du mandement, une délibération du 20 janvier de l’assemblée de Saint Quentin dit encore qu’ « il n’y a qu’une église, un cimetière et un curé ». Les deux représentants de Montaud, Jean Charrel Martin et Ennemond Coing Gillet, refusent au nom de Montaud de participer à la dépense sous prétexte que le Sieur Phélix ne leur apporte pas le service qu’ils attendent de lui (deux ans plus tard, le 25 juillet 1661, dans une même assemblée, on voit le même Phélix réclamer à nouveau sa « pension à Monthault », mais il ne veut pas aller célébrer la messe dans cette communauté autant de fois qu’il était convenu ; la pension sera tout de même payée, semble-t-il, un mois après !).
Du fait de ces différends récurrents, les gens de Montaud, qui avaient obtenu depuis 1655 leur indépendance totale en tant que communauté civile distincte, manifestaient depuis quelques années déjà leur volonté de se séparer également de la paroisse de Saint Quentin, afin d’avoir chez eux aussi leur église, leur curé et leur cimetière. Afin de pouvoir obtenir de l’évêque de Grenoble l’autorisation de pouvoir s’ériger en paroisse distincte, ils commencent tout d’abord par signer un contrat le 23 février 1659 avec « le masson (sic) de Veurey Jacques Aleyroud Joyeux, lequel s’engage à faire une chapelle au lieu appelé « la Cure de Joyeux » qui aura 4 toises de long et 3 de large, et dont la hauteur sera à proportion de 6 pieds jusqu’au couvert et fondation de 3 pieds ». Dans les années 1670, le bâtiment de « l’église » étant totalement achevé et une maison louée par la communauté de Montaud étant disponible pour accueillir le curé, à plusieurs reprises « la communauté, le Consul et les habitants de la Montagne de Montaud sur Saint Quentin (ont) supplié humblement Monseigneur Illustrissime et Révérendissime Evesque et Prince de Grenoble … (de) leur bailler un curé qui ferait ses fonctions dans l’église ou chapelle qui est audit Montaud ». Enfin, après que ces requêtes aient été signifiées « tant à Mr de Sautereau, prieur de Moyrans près dudit Montaud et au Sieur Allouis curé dudit Saint Quentin, lesquels y ont consenty et mesme le Sieur Sautereau ayant abandonné la dixme qu’il perçoit audit lieu en faveur du Sr curé qui y sera nommé pour faire sa portion congrue, … », et que la communauté de Montaud se soit obligée, en 1679, « en cas que lesdites dixmes ne soient pas suffisantes pour ladite portion congrue dudit curé, … à ce qu’il y soit pourvu d’ailheur », en 1680 le cardinal Le Camus érigera Montaud en paroisse distincte et enverra Jean Chaniel s’y installer, qui en sera le premier curé « autonome ».
Si depuis cette date Montaud est restée une paroisse distincte de celle de Saint Quentin, elle a à nouveau perdu son autonomie en tant que communauté religieuse spécifique depuis la fin du XXème siècle. Depuis septembre 1989 en effet, elle s’est retrouvée une nouvelle fois unie avec la paroisse de Saint Quentin sur Isère pour former, avec d’autres, la paroisse nouvelle de « Notre Dame des noyeraies », dans un même souci de regroupement que celui qui a présidé « aux communautés (civiles) de communes » !